Métrique en Ligne
REN_2/REN86
Armand RENAUD
Poésies
1860-1880
LES NUITS PERSANES
LA SOLITAIRE
Gazelles et Lions
QUAND Medjnoun, loin de Léïla, 8
Dans les déserts s'en alla, 7
Au piège il prit mainte gazelle, 8
Et la voyant, dit : « Voilà 7
5 Comme les yeux sont doux chez Elle. » 8
Puis l'ayant prise, il délivrait 8
La mignonne au fin jarret, 7
Et suivait ses bonds dans l'espace, 8
En pensant : « Tel est l'attrait 7
10 De Léïla quand elle passe. » 8
Et quand un chasseur s'avançait 8
Qui, pour égorger, chassait, 7
Il lui criait : « Va-t'en, blasphème ! 8
Tuer des gazelles, c'est 7
15 Comme la tuer elle-même. » 8
Au désert, moi, si j'avais fui, 8
Ce qui vaincrait mon ennui, 7
Ce serait le lion qui gronde ; 8
Car je me dirais : « C'est Lui 7
20 Dont résonne la voix profonde. » 8
Puis j'irais à l'antre écarté 8
Qu'il dévaste en liberté, 7
Pour y contempler son œil mâle, 8
Où je verrais la fierté 7
25 De l'œil de mon cavalier pâle 8
Et s'il avait soif, j'offrirais, 8
Pour l'abreuver, mon sang frais, 7
Tâchant d'oublier dans sa gueule 8
Le Maître qui manque auprès 7
30 De ma passion toujours seule. 8
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