Métrique en Ligne
REN_2/REN82
Armand RENAUD
Poésies
1860-1880
LES NUITS PERSANES
LA SOLITAIRE
Mélancolie
O fier jeune homme, ô tueur de gazelles, 10
Cavalier pâle au regard de velours, 10
Sur ton cheval dont les pieds ont des ailes 10
Emporte-moi vers le ciel des amours. 10
5 J'ai bien souvent, la nuit, sur ma terrasse, 10
Versé des pleurs en te tendant les bras. 10
Stérile effort ! c'est l'ombre que j'embrasse, 10
Et mes sanglots, tu ne les entends pas. 10
Pourtant le ciel m'a faite ardente et belle, 10
10 Ma lèvre douce est comme un fruit vermeil ; 10
J'ai dans la voix des chants de colombelle, 10
Sur les cheveux des rayons de soleil. 10
Mais enfermée et couverte de voiles, 10
Dans un palais, je meurs loin du vrai bien. 10
15 Pourquoi des fleurs et pourquoi des étoiles, 10
Si mon cœur bat et si tu n'en sais rien ? 10
Mon bien-aimé, terribles sont tes armes, 10
Ton long fusil, ta lance, ton poignard, 10
Et, plus que tout, tes yeux aux sombres charmes, 10
20 Perçant un cœur avec un seul regard. 10
O fier jeune homme, ô tueur de gazelles, 10
A leur destin mon sort est ressemblant ; 10
Sur ton cheval dont les pieds ont des ailes, 10
Joins mon cœur triste à ton butin sanglant. 10
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