Métrique en Ligne
REN_2/REN48
Armand RENAUD
Poésies
1860-1880
LES NUITS PERSANES
GUL ET BULBUL
Les Gouttes de Sang
BULBUL chantait, chantait sans trêve 8
Dans la forêt. 4
Mieux vaut le mal que fait un glaive, 8
Tant il souffrait ; 4
5 Tant de son gosier qu'il déchire 8
Il arrachait 4
Des accents comme n'en soupire 8
Aucun archet. 4
Et l'eau qui court, le vent qui passe, 8
10 L'arbre aux longs bras, 4
Tout lui disait : « Finis, par grâce ! 8
Ou tu mourras. 4
« Vois ! déjà ta poitrine éclate, 8
Le sang reluit ; 4
15 Et par la blessure écarlate 8
Ton cœur s'enfuit. » 4
Pourtant Bulbul, sans rien entendre 8
A leurs discours, 4
Sur un ton langoureux et tendre, 8
20 Chantait toujours. 4
Et plus la Rose rigoureuse 8
Le dédaignait, 4
Plus la voix était amoureuse, 8
Plus il saignait ; 4
25 Car à mesure que les gouttes 8
Tombaient du cœur, 4
Sur l'aimée elles allaient toutes 8
Briller en chœur, 4
Et chaque fois, prêtant une arme 8
30 A sa beauté, 4
Retenaient Bulbul sous un charme 8
Ensanglanté. 4
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