Métrique en Ligne
REN_2/REN43
Armand RENAUD
Poésies
1860-1880
LES NUITS PERSANES
GUL ET BULBUL
Bulbul et le Merle
LE geai bleu qui bavarde et qui tranche, 9
Le coucou qu'on entend sans le voir, 9
Le pivert voltigeant sur la branche, 9
De Bulbul font leur jeu chaque soir. 9
5 Et troublant le rêveur au chant triste, 9
Un vieux merle, oiseau noir et siffleur, 9
Tant qu'il peut, va criant : « Pauvre artiste, 9
A quoi bon vivre ainsi de douleur ? 9
« Ne peux-tu laisser là l'indocile 9
10 Qui t'afflige en disant toujours non ? 9
D'autres fleurs ont l'accès plus facile. 9
Si tu veux, je connais plus d'un nom. » 9
Le chanteur lui répond : « Tous mes rêves 9
Vers la Rose à jamais s'en iront. 9
15 Dieu, qui fait mourir l'eau sur les grèves, 9
Tient mes yeux arrêtés sur son front. 9
‒ C'est un sort bien cruel, dit le merle. 9
Mieux vaudrait n'être rien, comme moi, 9
Que d'avoir pour gosier une perle 9
20 Et de vivre enchaîné comme toi. » 9
Mais l'oiseau ténébreux lui soupire : 9
« Mon malheur est moins grand que le tien. 9
Demeurer sans amour, c'est le pire. 9
Mon cœur vibre, et ton cœur ne sent rien. » 9
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