Orient |
(FRAGMENTS DE PREMIÈRES POÉSIES) |
Les Roses du Harem |
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LE Calife, aux accents des musiques de fête, |
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Un soir, dans le harem, parlait à son poète. |
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Les roses de Bagdad, rouges comme du sang, |
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Ornaient un bassin d'or de leur éclat puissant. |
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Et le maître, admirant leurs corolles écloses : « |
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Flambeau de l'univers, poète, sur ces roses |
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Compose-moi, dit-il, un distique savant. » |
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Et le poète alors répondit en rêvant : « |
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Elles ont la couleur que sur un front de femme, |
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Quand paraît sou amant, met la pudeur de l'âme. » |
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Or une favorite au regard enflammé, |
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Se rapprochant d'Haroun, cria : « Mon bien-aimé, |
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Ce distique trop froid décolore les choses ; |
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J'ai de quoi peindre mieux le feu pourpre des roses, |
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Car, moi, de mes désirs j'y vois le rouge essaim |
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Lorsque tu fais tomber le voile de mon sein ! » |
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