Métrique en Ligne
REN_2/REN139
Armand RENAUD
Poésies
1860-1880
LES NUITS PERSANES
SONGES D'OPIUM
L'Ordre universel
SOUS une haute colonnade, 8
Dans un palais de marbre blanc, 8
Je dirige ma promenade 8
D'un air auguste et d'un pas lent. 8
5 De là je domine une ville 8
Où tout est marbre également, 8
Une ville immense et tranquille, 8
Sous l'azur d'un clair firmament, 8
Une ville avec ses coupoles, 8
10 Ses escaliers, ses ponts, ses tours, 8
Ses apparitions d'idoles, 8
Son fleuve au majestueux cours. 8
Des rochers en amphithéâtre, 8
Où pas un contour n'est heurté, 8
15 Élèvent leur cime bleuâtre 8
A l'horizon de la cité. 8
Le long des innombrables voies, 8
Sur les terrasses et sur l'eau, 8
La foule s'agite, et ses joies 8
20 Font vivre partout le tableau. 8
Mais à cette magnificence, 8
Cette gaîté, ce mouvement, 8
Ce qui donne de la puissance 8
Pour m'attirer magiquement, 8
25 Ce n'est pas telle ou telle sorte 8
De ciel, de ville, d'horizon, 8
Une foule plus ou moins forte 8
Peuplant la rue et la maison ; 8
C'est l'équilibre, l'harmonie, 8
30 L'absence d'une aspérité, 8
Une impression infinie 8
D'ordre dans là diversité. 8
Là rien qui soit trouble ni gêne, 8
Ni l'ennui que partout ailleurs 8
35 Cause un détail fâcheux qui traîne 8
Dans les ensembles les meilleurs. 8
Le temple au seuil garni de marches 8
Avec la fontaine est d'accord ; 8
Le fleuve se marie aux arches 8
40 Qui se complètent par le bord ; 8
Et d'après les lois éternelles 8
Rhythmant ses gestes familiers, 8
La foule est douce à mes prunelles 8
Comme un cours d'astres réguliers. 8
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