Métrique en Ligne
REN_2/REN138
Armand RENAUD
Poésies
1860-1880
LES NUITS PERSANES
SONGES D'OPIUM
Le Luth
IMMENSE tapis d'herbe, 6
La pelouse est superbe. 6
A l'entour sont rangés 6
Des orangers. 4
5 Dans le milieu s'élève, 6
Moins matière que rêve, 6
Un bloc étincelant, 6
Tant il est blanc. 4
Et sur le bloc énorme 6
10 S'appuie un luth de forme 6
Plus merveilleuse encor, 6
Et tout en or. 4
A travers un nuage 6
La lune qui voyage, 6
15 Montre parfois ses traits, 6
Pour fuir après. 4
Par la lumière blanche 6
Qui de l'azur s'épanche, 6
Éclairé tout d'abord, 6
20 Le luth ressort. 4
Et sitôt que la lune 6
Des cordes touche l'une, 6
La corde a le frisson 6
Et jette un son, 4
25 Si bizarre et si tendre 6
Que les nids à l'entendre 6
Tressaillent, eu cherchant 6
Quel est ce chant, 4
Si plein de molles choses 6
30 Que, dans le cœur des roses, 6
Cela semble un secret 6
Qu'on surprendrait. 4
Alors mon corps qui plonge 6
Dans l'herbe et qui s'allonge, 6
35 Et qui, pour jouir mieux, 6
Ferme les yeux, 4
Brisant la loi physique, 6
Entre, avec la musique, 6
Dans le monde enchanteur, 6
40 Sans pesanteur. 4
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