Métrique en Ligne
REN_2/REN134
Armand RENAUD
Poésies
1860-1880
LES NUITS PERSANES
SONGES D'OPIUM
Le Squelette
COIFFÉ du turban, et dans mon miroir 10
Venant pour me voir 5
En grande toilette, 5
Au lieu de mon corps nerveux où l'on sent 10
5 Circuler le sang, 5
Je vis un squelette. 5
Je ne pouvais faire aucun mouvement, 10
Sans qu'exactement 5
L'autre fît de même. 5
10 Brisant mon miroir, j'en pris un second. 10
Espoir infécond ! 5
J'en pris un troisième. 5
Toujours le squelette aux orbites creux, 10
Le squelette affreux 5
15 Surgissait en face. 5
Je me sauve alors, plus prompt qu'un coureur, 10
Sans qu'à ma terreur 5
Il soit rien qui fasse. 5
Sentant à mon front un cercle de fer, 10
20 Une soif d'enfer 5
Me brûlant la bouche, 5
Je trouve en chemin un lac frais et bleu ; 10
Pour y boire un peu, 5
Au bord je me couche. 5
25 Dans l'onde où le ciel mire ses oiseaux, 10
Où des verts roseaux 5
La fleur se reflète, 5
Mon image seule échappe à la loi ; 10
En place de moi, 5
30 Surgit un squelette. 5
Je fuis de nouveau. Le spectre me suit. 10
A travers la nuit, 5
Il prend mille formes. 5
La montagne semble un crâne sans chair. 10
35 Les arbres ont l'air 5
D'ossements énormes. 5
Même un grand nuage, au milieu du ciel, 10
Sur le haut duquel 5
La lune s'arrête, 5
40 Présente à mes yeux l'aspect effrayant 10
D'un squelette ayant 5
La lune pour tête. 5
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