Métrique en Ligne
REN_2/REN106
Armand RENAUD
Poésies
1860-1880
LES NUITS PERSANES
FLEUR DE SANG
L'Assassin
C'EST toi, pauvre, fils de pauvresse, 8
Qui m'as frappé de ton couteau, 8
Pour sauver le peuple en détresse 8
Que je broyais dans un étau. 8
5 Quand roi, généraux et ministres 8
Se courbaient, glacés de terreur, 8
Devant mes volontés sinistres, 8
Chétif, tu bravas ma fureur. 8
Quand de la misère publique 8
10 Ceux qui tiraient les gros impôts, 8
Livraient la foule famélique 8
A mes coups, pour sauver leurs peaux ; 8
Toi sur qui le haillon se vautre, 8
Tu pensas, généreux et fier : « 8
15 C'est un homme, j'en suis un autre ; 8
Il a du fer, ayons du fer. » 8
Homme qui dévouas ta vie 8
Pour me tuer, moi, le tyran, 8
Dans la multitude asservie, 8
20 J'aime ton solitaire élan. 8
Mais n'as-tu pas conçu de doute 8
Sur le rêve qui te berça ? 8
Crois-tu, moi chassé de la route, 8
Que le monde eût changé pour ça ? 8
25 Écoute, je te fais le maître 8
De ceux dont ton cœur eut pitié ; 8
En apprenant à les connaître, 8
Je veux que tu sois châtié. 8
Sur eux si tu peux sans nausées 8
30 Étendre d'en haut ton regard, 8
Que mes couronnes soient brisées, 8
Et que j'aie au cœur ton poignard ! 8
logo du CRISCO logo de l'université