III |
L’Inspiration. |
D’APRÈS UNE VIGNETTE JAPONAISE |
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AGENOUILLÉE au bord de l’eau limpide et vaste, |
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Les cheveux dénoués, la vierge enthousiaste |
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S’appuie au parapet qui la tient en prison ; |
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Près d’elle est un fanal dont la lueur frissonne. |
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Du reste, pas un bruit, pas une ombre ; personne ! |
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L’onde immense se perd dans l’immense horizon. |
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Rien ! excepté là-bas la blancheur de deux voiles |
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Qui, comme les oiseaux et comme les étoiles, |
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La laissent défaillir sans espoir de secours. |
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La main devant son front pour guider sa prunelle, |
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Elle suit du regard, autant qu’il est en elle, |
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Les points toujours en vue et s’enfuyant toujours. |
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Oh ! ces voiles ! Le flot illimité les porte ; |
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Leur mouvement est doux ; leur marche est libre et forte ; |
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Elles vont au bonheur, au rêve, à l’inconnu ! |
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Elle aussi voudrait fuir jusqu’au fond de l’espace. |
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De rester sur la rive elle est vraiment bien lasse. |
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Va-t-on venir enfin, n’étant jamais venu ? |
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Le fanal luit en vain. La flamme est trop petite, |
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L’horizon est trop grand, les barques vont trop vite. |
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Nul ne viendra. C’est son destin d’user ici |
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L’instant qui fait la vie, à regarder les voiles |
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Qui, comme les oiseaux et comme les étoiles, |
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De qui leur tend les bras ne prennent point souci. |
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