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REG_1/REG75
Henri de RÉGNIER
La Cité des eaux
1902
ÉPILOGUE
ÉPILOGUE
Une dernière fois reviens en mes pensées, 12
O jeunesse aux yeux clairs, 6
Et, dans mes mains encor, pose tes mains glacées. 12
Le soir parfume l'air. 6
5 Souviens-toi des matins où tous deux, côte à côte, 12
Notre ombre nous suivant, 6
Sur le sable fragile et parmi l'herbe haute 12
Nous allions dans le vent. 6
Ce que je veux de toi, ce n'est pas, ô jeunesse, 12
10 De me rendre les lieux 6
Où nous avons erré ensemble. Je te laisse 12
Tes courses et tes jeux. 6
Je ne veux point de toi ces rires dont tu charmes 12
Mon souvenir encor : 6
15 Je te laisse tes pas, tes détours et tes larmes, 12
Ton âge d'aube et d'or, 6
Ton âme tour à tour voluptueuse ou sombre 12
Et ton cœur incertain, 6
Et ce geste charmant dont tu joignais dans l'ombre 12
20 La couple de tes mains. 6
Ce que je veux de toi, c'est ta jeune colère 12
Qui te montait au front, 6
C'est le sang qui roulait en toi sa pourpre claire, 12
Lorsque d'un vain talon, 6
25 Tu frappais à durs coups, frénétique et penchée, 12
Le sol sec et ardent, 6
Comme pour qu'en jaillît quelque source cachée 12
Que tu savais dedans ; 6
C'est cela que je veux de toi, car je veux boire 12
30 A pleine bouche, un jour, 6
L'eau souterraine encore à ta fontaine, ô gloire, 12
Quand ce sera mon tour ! 6
Et, si le temps ingrat m'accorde pour salaire 12
L'opprobre meurtrier, 6
35 Je veux m'asseoir du moins à l'ombre que peut faire 12
La branche du laurier. 6
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