INSCRIPTIONS LUES AU SOIR TOMBANT |
LE CENTAURE BLESSÉ |
Le cri qu'il nous arrache est un hennissement. |
J. M. DE HEREDIA.
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Je t'ai vu devant moi surgir. Tu étais beau. |
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Le soleil au déclin, de la croupe aux sabots, |
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T'empourprait tout entier de sa splendeur farouche. |
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Ardent de ta vitesse et cabré de ta course, |
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Tu dressais, sur le ciel derrière toi sanglant, |
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Homme et cheval, le double effort de ton élan |
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Où le poitrail de bête et la poitrine humaine |
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Respiraient d'un seul souffle et d'une seule haleine. |
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Alors, dans ce ciel rouge où tu m'es apparu, |
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Comme un fatal présage, ô Centaure, j'ai cru |
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Voir monter tout à coup, en un reflet lointain, |
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La tragique rougeur du fabuleux festin |
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Où, sous les yeux d'Hercule et de sa blanche Épouse, |
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Votre troupe avinée et brusquement jalouse |
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Mêla, dans un combat fameux et hennissant, |
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A la pourpre du vin la pourpre de son sang ! |
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J'ai tremblé. Ton galop remplissait mon oreille, |
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Sonore de l'écho de sa rumeur vermeille, |
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Et j'ai tendu mon arc en invoquant les Dieux ! |
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Et l'air porta vers toi mon trait victorieux… |
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Tu tombas. Maintenant je maudis ma prière, |
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Ma flèche trop certaine et ma peur meurtrière, |
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Cher monstre ! je te pleure et je revois encore |
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Ta main d'homme presser à ton flanc, ô Centaure, |
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Ta blessure et j'entends, au fond du soir, j'entends |
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Le cri humain jailli de ton hennissement ! |
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