INSCRIPTIONS LUES AU SOIR TOMBANT |
LE SOMMEIL |
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Penses-tu que ces fleurs, ces feuilles et ces fruits, |
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Et cet âpre laurier plus amer que la cendre, |
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Penses-tu que mes mains pour eux les aient cueillis ? |
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Si j'ai mêlé tout bas à l'onde des fontaines |
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Les larmes que leur eau pleure encore aujourd'hui, |
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Crois-tu que j'ignorais combien elles sont vaines ? |
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Si, debout, j'ai marché sur le sable changeant, |
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Était-ce pour marquer mon pas sur son arène, |
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Puisqu'il n'en reste rien quand a passé le vent ? |
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Et pourtant j'ai voulu être un homme et me vivre |
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Et faire tour à tour ce que font les vivants ; |
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J'ai noué la sandale à mon pied pour les suivre. |
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Amour, haine, colère, ivresse, j'ai voulu, |
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Par la flûte de buis comme au clairon de cuivre, |
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Entendre dans l'écho ce que je n'étais plus. |
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Si j'ai drapé mon corps de pourpres et de bures, |
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N'en savais-je pas moins que mon corps était nu |
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Et que ma chair n'était que sa cendre future ? |
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Non, ce laurier sans joie et ces fruits sans désir, |
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Et la vaine rumeur dont toute vie est faite, |
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Non, tout cela, c'était pour pouvoir mieux dormir |
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L'ombre définitive et la nuit satisfaite ! |
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