Métrique en Ligne
QUI_1/QUI1
Pierre QUILLARD
La lyre héroïque et dolente
1897
DÉDICACE
A LA MÉMOIRE D'ÉPHRAÏM MIKHAEL
Tu t'en allas, un soir de mai : la ville en fête 12
Haletait de printemps, de jeunesse et d'amour, 12
Et tu nous as quittés pour la nuit sans retour, 12
Âme mélancolique et toujours inquiète. 12
5 En vain les mornes dieux, formidables et doux, 12
Ont détaché ta main de nos mains fraternelles : 12
Le sel âcre des pleurs brûle encor nos prunelles 12
Quand ta voix, triomphant des heures, chante en nous 12
Et fait surgir parmi les roses des vesprées, 12
10 Sous des voiles tissus de soleils et de cieux, 12
Une vierge dolente au regard anxieux 12
Qui nous appelle et fuit vers les ombres sacrées. 12
Forme grave dressée au seuil mauvais du sort, 12
Image de fierté qui pleurait et s'est tue, 12
15 Ma bouche te cherchait d'une lèvre éperdue ; 12
Mais j'ai heurté du front les portes de la mort 12
Hélas ! et tu survis dans nos seules mémoires 12
Et sans que rien m'entende au tombeau souterrain, 12
Je fixe tristement sur le vantail d'airain 12
20 Avec l'amer laurier les palmes illusoires. 12
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