Métrique en Ligne
PRU_2/PRU54
René-François SULLY PRUDHOMME
Les Solitudes
1867
LA VOIE LACTÉE
Aux étoiles j'ai dit un soir : 8
« vous ne paraissez pas heureuses ; 8
Vos lueurs, dans l'infini noir, 8
Ont des tendresses douloureuses ; 8
5 « et je crois voir au firmament 8
Un deuil blanc mené par des vierges 8
Qui portent d'innombrables cierges 8
Et se suivent languissamment. 8
« êtes-vous toujours en prière ? 8
10 êtes-vous des astres blessés ? 8
Car ce sont des pleurs de lumière, 8
Non des rayons, que vous versez. 8
« vous, les étoiles, les aïeules 8
Des créatures et des dieux, 8
15 Vous avez des pleurs dans les yeux… » 8
Elles m'ont dit : « nous sommes seules… 8
« chacune de nous est très loin 8
Des sœurs dont tu la crois voisine ; 8
Sa clarté caressante et fine 8
20 Dans sa patrie est sans témoin ; 8
« et l'intime ardeur de ses flammes 8
Expire aux cieux indifférents. » 8
Je leur ai dit : « je vous comprends ! 8
Car vous ressemblez à des âmes : 8
25 « ainsi que vous, chacune luit 8
Loin des sœurs qui semblent près d'elle, 8
Et la solitaire immortelle 8
Brûle en silence dans la nuit. » 8
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