Métrique en Ligne
PRU_2/PRU48
René-François SULLY PRUDHOMME
Les Solitudes
1867
DÉCLIN D'AMOUR
Dans le mortel soupir de l'automne, qui frôle 12
Au bord du lac les joncs frileux, 8
Passe un murmure éteint : c'est l'eau triste et le saule 12
Qui se parlent entre eux. 6
5 Le saule : « je languis, vois ! Ma verdure tombe 12
Et jonche ton cristal glacé ; 8
Toi qui fus la compagne, aujourd'hui sois la tombe 12
De mon printemps passé. » 6
Il dit. La feuille glisse et va jaunir l'eau brune. 12
10 L'eau répond : « ô mon pâle amant, 8
Ne laisse pas ainsi tomber une par une 12
Tes feuilles lentement ; 6
« ce baiser me fait mal, autant, je te l'assure, 12
Que les coups des avirons lourds ; 8
15 Le frisson qu'il me donne est comme une blessure 12
Qui s'élargit toujours. 6
« ce n'est qu'un point d'abord, puis un cercle qui tremble 12
Et qui grandit, multiplié ; 8
Et les fleurs de mes bords sentent toutes ensemble 12
20 Un sanglot à leur pied. 6
« que ce tressaillement rare et long me tourmente ! 12
Pourquoi m'oublier peu à peu ? 8
Secoue en une fois, cruel, sur ton amante 12
Tous tes baisers d'adieu ! » 6
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