Métrique en Ligne
PRU_1/PRU7
René-François SULLY PRUDHOMME
Les Vaines Tendresses
1875
ENFANTILLAGE
Madame, vous étiez petite, 8
J'avais douze ans ; 4
Vous oubliez vos courtisans 8
Bien vite ! 2
5 Je ne voyais que vous au jeu 8
Parmi les autres ; 4
Mes doigts frôlaient parfois les vôtres 8
Un peu… 2
Comme à la première visite 8
10 Faite au rosier, 4
Le papillon sans appuyer 8
Palpite, 2
Et de feuille en feuille, hésitant, 8
S'approche, et n'ose 4
15 Monter droit au miel que la rose 8
Lui tend, 2
Tremblant de ses premières fièvres 8
Mon cœur n'osait 4
Voler droit des doigts qu'il baisait 8
20 Aux lèvres. 2
Je sentais en moi tour à tour 8
Plaisir et peine, 4
Un mélange d'aise et de gêne : 8
L'amour. 2
25 L'amour à douze ans ! Oui, madame, 8
Et vous aussi, 4
N'aviez-vous pas quelque souci 8
De femme ? 2
Vous faisiez beaucoup d'embarras, 8
30 Très-occupée 4
De votre robe, une poupée 8
Au bras. 2
Si j'adorais, trop tôt poëte, 8
Vos petits pieds, 4
35 Trop tôt belle, vous me courbiez 8
La tête. 2
Nous menâmes si bien, un soir, 8
Le badinage, 4
Que nous nous mîmes en ménage, 8
40 Pour voir. 2
Vous parliez des bijoux de noces, 8
Moi du serment, 4
Car nous étions différemment 8
Précoces. 2
45 On fit la dînette, on dansa ; 8
Vous prétendîtes 4
Qu'il n'est noces proprement dites 8
Sans ça. 2
Vous goûtiez la plaisanterie 8
50 Tant que bientôt 4
J'osai vous appeler tout haut : 8
Chérie, 2
Et je vous ai (car je rêvais) 8
Baisé la joue ; 4
55 Depuis ce soir-là je ne joue 8
Jamais. 2
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