Métrique en Ligne
PRU_1/PRU27
René-François SULLY PRUDHOMME
Les Vaines Tendresses
1875
SOUHAIT
Par moments je souhaite une esclave au beau corps, 12
Sans ouïe et sans voix, pour toute bien-aimée. 12
À son oreille close, aux rougeurs de camée, 12
Le feu de mon soupir dirait seul mes transports, 12
5 Et sa bouche, semblable aux coupes dont les bords 12
Distillent en silence une ivresse enflammée, 12
M'offrirait son ardeur sans me l'avoir nommée : 12
Nous nous embrasserions, muets comme deux morts. 12
Du moins pourrais-je, exempt d'amères découvertes, 12
10 Goûter dans la splendeur de ces charmes inertes 12
L'idéal, sans qu'un mot l'eût jamais démenti ; 12
Lire, au contour sacré d'une lèvre pareille, 12
Le verbe de Dieu seul, et, baisant cette oreille, 12
À Dieu seul confier ce que j'aurais senti. 12
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