Métrique en Ligne
PRU_1/PRU18
René-François SULLY PRUDHOMME
Les Vaines Tendresses
1875
L'ÉTOILE AU CŒUR
Par les nuits sublimes d'été, 8
Sous leur dôme d'or et d'opale, 8
Je demande à l'immensité 8
Où sourit la forme idéale. 8
5 Plein d'une angoisse de banni, 8
À travers la flore innombrable 8
Des campagnes de l'Infini, 8
Je poursuis ce lis adorable… 8
S'il brille au firmament profond, 8
10 Ce n'est pas pour moi qu'il y brille : 8
J'ai beau chercher, tout se confond 8
Dans l'océan clair qui fourmille. 8
Ma vue implore de trop bas 8
Sa splendeur en chemin perdue, 8
15 Et j'abaisse enfin mes yeux las, 8
Découragés par l'étendue. 8
Appauvri de l'espoir ôté, 8
Je m'en reviens plus solitaire, 8
Et cependant cette beauté, 8
20 Que je crois si loin de la terre, 8
Un laboureur insoucieux, 8
Chaque soir à son foyer même, 8
Pour l'admirer, l'a sous les yeux 8
Dans la paysanne qu'il aime. 8
25 Heureux qui, sans vaine langueur 8
Voyant les étoiles renaître, 8
Ferme sur elles sa fenêtre : 8
La plus belle luit dans son cœur. 8
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