Métrique en Ligne
POT_1/POT6
Eugène POTTIER
Chants révolutionnaires
1887
BLANQUI
A EUDES, membre de la Commune
Contre une classe sans entrailles,
Luttant pour le peuple sans pain,
Il eut, vivant, quatre murailles,
Mort, quatre planches de sapin !
La chambre mortuaire était au quatrième ; 12
Et la foule, à pas lents, gravissait l'escalier : 12
Le Paris du travail, en blouse d'atelier, 12
Des femmes, des enfants ; plus d'un visage blême. 12
5 Ce grand deuil prévalait sur le soin journalier 12
Du pain de la famille ; il eut, trois jours, la même 12
Affluence d'amis pour cet adieu suprême. 12
— Moi, j'attendais mon tour, rêvant sur le palier. 12
Ce cœur qui ne bat plus battait pour une idée : 12
10 L'Égalité !… Gens sourds ! Terre, esclave ridée 12
Qui tournes dans ta cage ainsi que l'écureuil, 12
A présent qu'il est mort, tu l'entendras… peut-être ! 12
Ce combattant, passant de la geôle au cercueil, 12
Du fond de son silence, il dit : Ni Dieu, ni maître ! 12
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