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Eugène POTTIER
Chants révolutionnaires
1887
31 OCTOBRE
Au citoyen Élie MAY.
Le peuple sent qu'il est trahi, 8
C'est trop aboyer à la lune. 8
L'Hôtel de Ville est envahi, 8
Paris, proclame ta Commune ! 8
5 A-t-on pris à Sainte-Périne 8
Tous ces dictateurs impotents ? 8
Leur ton dolent, leur voix chagrine, 8
Déconcertent les combattants. 8
On les voit, quand la France expire, 8
10 Reboucler avec onction 8
La muselière de l'Empire, 8
A notre Révolution. 8
Sont-ils idiots ou complices ? 8
Leur comité, peuplé d'ânons, 8
15 Brait, quand on parle d'armistices, 8
Et fond, à regret, les canons. 8
Morigénant la populace, 8
Qu'ils craignent plus que l'étranger, 8
Ils laissent, dans leur main mollasse, 8
20 Quatre-vingt-treize se figer. 8
L'accapareur, âpre vermine, 8
Fait le vide dans les marchés, 8
Et, souliers percés, la Famine 8
Fait queue, aux portes des bouchers. 8
25 Révoltez-vous, sombres familles, 8
Vous, meurt-de-faim, toujours déçus, 8
Éclatez comme des torpilles, 8
Puisqu'on veut vous marcher dessus. 8
Chez les chamarrés, rien ne bouge. 8
30 Va-nu-pieds, marchons de l'avant, 8
Nommons une Commune rouge, 8
Rouge, comme un soleil levant ! 8
Quittant la tactique enclouée 8
De nos généraux de carton, 8
35 Nous irons faire une trouée, 8
Guidés par l'ombre de Danton ! 8
Et dès ce soir, ivresse folle, 8
Favre et Trochu sont conspués ; 8
Paris danse la Carmagnole 8
40 Autour des murs évacués ; 8
Et l'on verra la plèbe saine, 8
Traquant les francs-fileurs bourgeois, 8
Brancher la race des Bazaine, 8
A tous les vieux chênes gaulois. 8
45 Le peuple sent qu'il est trahi, 8
C'est trop aboyer à la lune. 8
L'Hôtel de Ville est envahi, 8
Paris, proclame ta Commune ! 8
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