Métrique en Ligne
PON_1/PON28
Raoul PONCHON
La muse au cabaret
1920
LA MUSE AU CABARET
CHANSON D’AUTOMNE
À Tiarko Richepin.
Laisserai-je passer l’automne, 8
Sans le chanter ? 4
Non, non. Je n’y puis résister ; 8
Croyez-moi, c’est la bonne 6
5 Saison. 2
Allons-y de notre chanson. 8
Que d’aucuns chantent sur leur lyre 8
Ce qu’ils voudront, 4
Et qu’ils convoitent pour leur front 8
10 Les lauriers d’un Shakespeare… 6
Ma foi, 2
C’est leur affaire. Quant à moi, 8
Qui me fiche autant de la gloire 8
Que d’un corset 4
15 Vide, et suis né, comme l’on sait, 8
Uniquement pour boire, 6
Je bois ! 2
Que si j’ose élever la voix 8
Dans le tumulte de la Vie, 8
20 Ce n’est que pour 4
Célébrer le Vin et l’Amour, 8
Et l’amour de ma mie, 6
Ô gué ! 2
Encor suis-je bien fatigué ! 8
25 Que d’autres chantent sur leur lyre 8
Le doux Printemps, 4
C’est gentil quand on a vingt ans ; 8
Ce serait du délire 6
À moi, 2
30 De m’emballer à son endroit. 8
Sans remonter au Moyen Âge, 8
Ne vais-je pas 4
Toucher… encore quelques pas — 8
À l’hiver de mon âge ?… 6
35 Hélas ! 2
Ce que c’est de nous, Babylas ! 8
Un coq, chaque matin, me guette 8
« Fini, l’été ! 4
Dit-il. — C’est temps, en vérité, 8
40 De fermer ta brayette, 6
Ponchon ! 2
Ouvre ta cave, mon cochon ! 8
« Tes dents, vrais haricots malades, 8
Fichent le camp, 4
45 Au moindre vent qui souffle, ou quand 8
Tu manges des panades ; 6
Et ton 2
Crâne est plus chauve qu’un toton. » 8
Las ! je cassais des clous, naguère, 8
50 Avec mes dents. 4
J’avais des cheveux abondants 8
À ne savoir qu’en faire, 6
Jadis ! 2
Il ne m’en reste plus que dix ! 8
55 C’est pourquoi, je vous le répète, 8
Je bois du vin, 4
Car il me semble en avoir vingt, 8
Dès que je suis pompette. 6
Et quoi 2
60 Nous sauve, si ce n’est la foi ! 8
Vive donc le superbe automne, 8
Rouge et doré ! 4
Le vin magnifique et sacré, 8
Qui chante dans la tonne, 6
65 Le vin… 2
Je ne dis pas l’eau… mais le Vin ! 8
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