Métrique en Ligne
POL_1/POL5
Jean POLONIUS
Poésies
1827
LE BAISER
J’ai senti nos lèvres s’unir, 8
De tes bras j’ai senti l’étreinte, 8
Et tu m’abordes sans rougir ! 8
Et tu me parles sans contrainte ! 8
5 Hélas ! au calme de tes traits, 8
À l’innocence de ton âme, 8
Je le vois trop : tu l’ignorais, 8
Le prix de ce baiser de flamme. 8
Tu l'as donné sans y songer, 8
10 Comme un jeu que permet le monde, 8
Comme en riant l’enfant léger 8
Jette une fleur au sein de l’onde. 8
La fleur tombe, et sans reposer 8
L’onde l’emporte dans sa fuite : 8
15 Plût à Dieu que de ton baiser 8
La mémoire eût passé si vite ! 8
Il a marqué d’un sceau brûlant 8
La place ou s’imprima ta bouche ; 8
Il erre, il court dans tout mon sang ; 8
20 Il me consume sur ma couche. 8
En songe, il jette dans mon cœur 8
Mille espérances vagabondes ; 8
D’amour, d’extase, de bonheur, 8
Lui seul m’a révélé des mondes. 8
25 Espoir divin, bonheur trop cher, 8
Dont l’impuissance me dévore, 8
Ne serez-vous qu’un pâle éclair, 8
Qui naît, qui brille, et s’évapore ? 8
Ah ! reprends ton baiser cruel, 8
30 Ou couvre-le d’autres sans nombre ! 8
Ne m’as-tu fait rêver le ciel 8
Que pour me replonger dans l’ombre ? 8
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