Métrique en Ligne
POL_1/POL20
Jean POLONIUS
Poésies
1827
LA COLOMBE ÉGARÉE
Quel vent t’amène aux portes de nos villes, 10
Pauvre colombe, habitante des champs ? 10
Loin de ton nid, loin de tes bois tranquilles, 10
Que viens-tu faire au pays des méchants ? 10
5 Pour tes petits, industrieuse mère, 10
Viens-tu chercher quelque grain dans nos murs ? 10
Hélas ! ces murs n’ont qu’aride poussière, 10
Ruisseaux fangeux, pierres, débris impurs. 10
Rentre au désert : là sont tes verts ombrages ; 10
10 Là, tout, sans peine, à tes vœux peut s'offrir ; 10
Fruits savoureux, épis, graines sauvages, 10
L’eau du torrent, le soleil, le zéphyr… 10
Rentre au désert, aimable vagabonde ! 10
Ne vois-tu pas comme l’enfant pervers, 10
15 L’œil aux aguets, va préparant sa fronde, 10
Et de ses cris te poursuit dans les airs ? 10
Fuis ! sous nos toits habite l’esclavage ! 10
Mieux vaut braver la serre du trépas. 10
L’homme se fait un plaisir de sa rage, 10
20 L’aigle dévore, et ne tourmente pas. 10
Oh ! si j’avais tes deux ailes légères, 10
Loin des cités, dont l’air pèse sur moi, 10
Je m’enfuirais dans tes bois solitaires, 10
Mais sans vouloir les quitter comme toi ! 10
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