Métrique en Ligne
POL_1/POL16
Jean POLONIUS
Poésies
1827
À ADOLPHE
À SON DÉPART POUR LA SUISSE
Tu vas errer sur ces rivages 8
Où glisse l’onde du Léman, 8
Où s’élance au sein des nuages 8
La cime altière du Mont-Blanc. 8
5 Ah ! que ne puis-je, sans entrave, 8
Suivre ta course vers ces lieux, 8
Comme l’oiseau, longtemps esclave, 8
Dont l’aile a retrouvé les cieux ! 8
Tu verras ces douces retraites 8
10 Où Voltaire acheva ses jours, 8
Ou Byron chanta les tempêtes, 8
Où Rousseau peignit les amours. 8
Près du nid de l’aigle sauvage 8
Tu verras bondir le chamois, 8
15 Près du torrent gonflé de rage 8
S’entr’ouvrir la rose des bois. 8
De ces monts dont la neige blanche 8
Réfléchit les feux du couchant, 8
De ces glaciers d’où l’avalanche 8
20 Roule son char retentissant, 8
Du fond des bois, du sein des plaines 8
Jette un regard, donne un soupir 8
À ton ami, qui dans ses chaînes 8
S’agite en vain pour s’affranchir. 8
25 Pense à lui, lorsque sous l’ombrage, 8
Au pied des paisibles chalets, 8
Tu verras du pâtre sauvage 8
Les jeux simples et sans apprêts. 8
Pense à lui, qui, forcé de plaire 8
30 À ceux même qu’il voudrait fuir, 8
Dans leur vaine et brillante sphère, 8
Se fait un devoir du plaisir. 8
Pense à lui, quand du lac tranquille 8
Sur ta barque effleurant les eaux, 8
35 Tu verras l’hirondelle agile 8
D’un coup d’aile écumer les flots. 8
Loin du bruit et de la poussière, 8
Que de fois a-t-il souhaité 8
Un ciel pur, un lac solitaire, 8
40 Une barque et la liberté ! 8
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