ÉPÎTRE À BISMARK |
AUX MANES DES VICTIMES DE LA GUERRE ET DU BOMBARDEMENT DE PARIS |
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Conseiller d’un roi fou, serviteur de Guillaume, |
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Toi que Mars favorise à son grand jeu de paume, |
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Bismark, toi qui t’es fait le valet d’un bourreau |
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Pour mieux tirer la corde où pend l’affreux couteau, |
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Je m’empresse en ce jour de t’offrir une épître ; |
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Car cet honneur t’est dû, Bismark, à plus d’un titre : |
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N’es-tu pas l’échanson de Guillaume ? Au festin, |
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Dans sa coupe tu sais mêler le sang au vin. |
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N’est-il pas l’écolier, toi le maître d’école ? |
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Professer à la cour fut de tout temps ton rôle, |
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Et j’aime à t’applaudir dans l’un ou l’autre emploi ; |
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Car tu grises Guillaume, et le bourreau c’est toi ! |
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Oui, c’est toi, vil serpent qui sus, par ton astuce, |
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Sur la France attirer la haine de la Prusse. |
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Tu peux être assuré, sans entrer à Paris, |
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Qu’on te rend dent pour dent et mépris pour mépris. |
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Du mépris, c’est trop peu pour l’homme sanguinaire |
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Qui veut de mon pays faire un vaste ossuaire, |
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Qui veut anéantir la cité des beaux-arts |
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En lançant des obus par-dessus nos remparts. |
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Voilà plus de six mois, misérable vampire, |
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Que le sang coule, hélas ! que ta bouche l’aspire. |
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Pour te complaire au crime et dormir sans remord, |
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Tu dus faire en secret un pacte avec la mort : |
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N’est-ce pas toi, Satan, qui transportas Guillaume |
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Sur un mont élevé, non loin de son royaume ? |
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Tu lui disais : « Vois-tu ce pays florissant ? |
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C’est la France !… Elle craint ton bras ferme et puissant. |
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Tu peux la ravager ; j’y puis lancer la flamme ; |
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A Satan livre-toi ! Livre ton corps, ton âme ! |
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Laisse pour guerroyer ta femme, ton château, |
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Et la France est à toi, je t’en fais le cadeau ! |
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Avec tes fils suis-moi vers les champs de la gloire ; |
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Qu’ils traversent le Rhin, qu’ils traversent la Loire ! |
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Tout ton peuple est armé, qu’il subisse les lois |
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De la guerre !… En avant ! les Saxons, les Badois, |
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Pour former une armée immense, colossale ! |
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Contemple donc Strasbourg !… Vois-tu sa cathédrale ? |
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— Strasbourg !… si je l’avais !… il me la faut, morbleu !… |
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— Guillaume, tu l’auras vivant ou bien en feu. |
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Je puis donner au roi la moitié de la terre ; |
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Aujourd’hui prends la France !… A demain l’Angleterre !…» |
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Et Guillaume suivit tous tes conseils, Satan. |
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Sur un cheval fougueux il partit à l’instant : |
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Son regard était fauve ; il avait la moustache |
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Épaisse comme un bois qui n’a point vu la hache. |
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Partout, à son approche, on reculait d’horreur ; |
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Car il portait partout le sabre et la terreur. |
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Les vierges à ses pieds tombaient échevelées, |
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Les vieillards chancelants, le mères désolées, |
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Nous subissaient l’outrage… Et toi, Bismark, et toi, |
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Joyeux tu laissais prendre un bain de sang au roi… |
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Un bain ne calme pas la fureur souveraine ; |
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Il prit des bains de sang en Alsace, en Lorraine, |
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Et plus il s’y plongea, plus le cœur lui brûlait ; |
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Ce n’était plus un cœur, non, c’était un boulet !… |
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Et ce boulet de fer, qu’un tison rouge allume, |
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C’est toi qui l’as forgé, Bismark, sur ton enclume. |
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Tu le verras faillir ; il touche à son déclin ; |
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Il n’est point de boulet roulant toujours sans fin. |
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Puisse-t-il rencontrer ta tête sur la route |
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Et la broyer d’un choc !… Mais pas encore !… Écoute, |
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Des soldats expirants ont proféré ton nom : |
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« Bismarck n’aura jamais les honneurs du canon. |
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S’il meurt, lui qui sema les horreurs de la guerre, |
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Que sa mort soit des plus horribles sur la terre ! |
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Le sol boit notre sang ; il entend nos clameurs ; |
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Nos mères ont versé jusqu’à leurs derniers pleurs ; |
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On a su les réduire, avec la violence, |
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A servir des Prussiens qui brandissent la lance ; |
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Et pas un seul de nous n’est là pour protéger |
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Celle qui crie : « A moi !… Mon fils, viens me venger !… » |
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« Moi, Prussien, on m’a dit : Le maître du royaume |
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T’ordonne de quitter ton toit couvert de chaume. |
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Il laissa sa famille, il faut en faire autant. |
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— Mon fils est au berceau. — Dieu veille sur l’enfant ! |
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— Mais ma femme m’étreint en me couvrant de larmes, |
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Comment l’abandonner ? — En saisissant tes armes. |
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Le roi veut des guerriers… Allons ! drôle, partons !… » |
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Et j’ai suivi Guillaume avec ses bataillons… |
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Je ressentis bientôt ce qu’un soldat endure, |
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La faim, hélas ! la faim sur une couche dure. |
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« Cherche ton pain ! m’a dit un vieux sergent rétif : |
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On n’a rien en dormant ; montre-toi plus actif. |
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Ce n’est pas au soleil qui naquit l’émeraude ; |
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Elle est au fond du sol. Va donc à la maraude ! |
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Le pillage est ton droit, le meurtre est un besoin ; |
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Bismarck a tout permis quand nous serions au loin… » |
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Le mal qu’on nous conseille, on l’apprend bien sans livre, |
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Je l’ai commis tout seul ; le crime m’a fait vivre. |
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J’ai même eu du plaisir à voir souffrir autrui, |
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En riant du fléau qui me frappe aujourd’hui. |
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Oh ! la guerre ! la guerre ! ignominie atroce ! |
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Elle fait l’assassin et la bête féroce. |
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La guerre m’enseigna les crimes les plus grands : |
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J’ai tué les vieillards ; j’ai tué les enfants ; |
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J’ai pillé les autels et, chose plus infâme, |
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J’ai !… Devinez le mot pour l’honneur de ma femme… |
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Enivrés par la poudre, et bravant le trépas, |
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Tous les Prussiens marchaient vers Paris à grands pas. |
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« Un héros ne meurt point ! disais-je en mon délire ! |
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Mais un scélérat tombe, on peut le lui prédire. » |
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Frappé par une balle, on me vit chanceler, |
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Me roidir sur la neige, et tout bas appeler… |
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Nul n’entendait ma voix… Passait une corneille : |
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Elle vint… et son bec me déchira l’oreille. |
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Resté seul, près de moi s’élevaient des tombeaux |
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Sur le tertre desquels planaient d’affreux corbeaux. |
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Et je les comparais, tous ces oiseaux voraces, |
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Aux monarques unis pour détruire les races… |
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Je vis un homme en deuil… un second et puis trois ; |
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Ils semblaient murmurer contre le jeu des rois. |
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C’étaient des gens âgés, d’assez forte encolure, |
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N’ayant pour tout habit qu’une robe de bure1. |
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Ils enterraient les morts avec un saint respect, |
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Et moi, vil criminel, tremblant à leur aspect, |
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J’évitais leurs regards… L’un d’eux me dit : « Mon frère, |
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Au péril nous venons doucement vous soustraire ; |
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Laissez-moi vous panser… » J’eus un moment d’émoi ; |
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Car j’étais étonné qu’on eut pitié de moi, |
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De moi qui, l’avant-veille et par un temps de bise, |
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Avais pris aux blessés tout, jusqu’à leur chemise… |
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Bismark, je te maudis ! Guillaume, je te hais ! |
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Vous avez diffamé tous deux le cœur français. |
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Il est bon, généreux et rempli de clémence. |
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On ne fusille point les prisonniers en France. |
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J’ai vu les brancardiers, ils étaient plus d’un cent, |
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Ramasser les blessés sous un feu menaçant. |
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En Prusse, on est cruel ; du mal on est complice. |
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S’il faut prochainement que ma mort s’accomplisse |
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Au profit de Guillaume et du nouveau Tristan |
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Qu’on appelle Bismark, je lui dirai : « Satan, |
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Je veux par les deux pieds que le peuple te pende ! |
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Si tu pousses des cris, qu’un vautour les entende ! |
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Qu’il te crève chaque œil pour en chasser l’éclair ! |
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Qu’il t’arrache le foie et s’en repaisse en l’air ! |
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Qu’il revienne t’ôter les entrailles fumantes ! |
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Que tout ton corps, Bismark, soit de chairs palpitantes ! |
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Et pour les consumer, qu’un enfer dévorant |
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S’entr’ouvre avec fureur !… C’est le vœu d’un mourant… » |
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Janvier 1871
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