COMBATTRE ! |
HOMMAGE AUX MEMBRES DU GOUVERNEMENT DE LA DÉFENSE NATIONALE |
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Le général de Moltke a dit, faut-il le croire ? |
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« Vous attendez en vain les soldats de la Loire ; |
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Leur armée est détruite et, par les Allemands, |
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Est reprise aujourd’hui la ville d’Orléans…» |
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Il ajoute ces mots au bas de son message : |
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« J’offre à l’un de vos chefs de lui livrer passage |
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Pour s’assurer du fait…» Paris, dont le sang bout, |
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Paris qui ne dort point quand sa garde est debout, |
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Paris qui n’est pas né pour se laisser abattre, |
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Paris a répondu : — Je suis prêt à combattre ! |
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Peu m’importe un revers que la ruse interprète ! |
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Je suis le chêne droit qui porte haut la tête : |
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La foudre en m’atteignant peut abattre mes bras ; |
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Ce n’est pas toi, Prussien, qui me les briseras ! |
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Quand le lion rugit, crois-tu que sa colère |
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S’apaise avec le vent qui mène la poussière ? |
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Paris est le lion que rien ne rend craintif ; |
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Dans la cage où l’on croit qu’il restera captif, |
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Il s’agite tout seul… mais seul il en vaut quatre ! |
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Surtout lorsqu’il a dit : — Je suis prêt à combattre ! |
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Combattre ! Ah ! c’est le cri que répétaient nos pères |
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Lorsqu’il faisaient rentrer jusqu’en leurs froids repaires |
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Ces tigres réchauffés au fumier d’Attila. |
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Vous bravez le lion !… Le lion, le voilà !… |
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Il s’élance sur vous ; c’est lui qui vous terrasse, |
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Lâches ! vils assassins ! vous demanderez grâce ; |
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Plus on est criminel, plus on est repentant ! |
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Le lion vous verra verser des pleurs de sang… |
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Essaim de moucherons, allons donc ! viens t’ébattre |
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Sous les murs de Paris !… Le lion veut combattre ! |
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Que nos monts élevés deviennent le calvaire |
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Des Germains ! Que les morts n’aient pas d’autre suaire |
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Que la lune éclairant leurs visages blafards, |
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Leurs casques, leurs fusils et leurs membres épars ! |
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Que les chevaux tombés au sein de nos campagnes |
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Rendent nos blés féconds au-delà des montagnes ! |
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Que l’herbe refleurisse au-dessus du cercueil |
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Qui plonge en ce moment toute la France en deuil ! |
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Et que d’un même élan notre cœur sache battre |
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Quand l’honneur nous redit : — Soldats, il faut combattre ! |
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7 décembre 1870
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