Métrique en Ligne
PDE_1/PDE10
corpus Pamela Puntel
Joseph POISLE-DESGRANGES
PENDANT L’ORAGE
POÈMES NATIONAUX ET HISTORIQUES
1871
LE PREMIER MARS
HOMMAGE A LA GARDE NATIONALE DE PARIS
Ils sont entrés, ces cannibales 8
Issus du peuple des Germains ! 8
Ils sont entrés, craignant nos balles ; 8
Car ils avaient du sang aux mains !… 8
5 Mais les fils valeureux de la vieille Lutèce, 12
Renfermés dans leur deuil, et fiers de leur tristesse, 12
N’ont pas voulu punir les crimes des uhlans 12
En frappant des soldats qui se montraient tremblants. 12
L’armistice donnait entrées à leurs cohortes ; 12
10 Mais Paris avait clos ses fenêtres, ses portes, 12
Pour prouver aux Prussiens le dégoût de les voir !… 12
Et sur nos monuments flottait le drapeau noir. 12
Des hussards verts la peur guidait partout la horde : 12
Avant de s’arrêter place de la Concorde, 12
15 Ils fouillaient les taillis, ils sondaient les buissons…1 12
Et leur teint pâle était plus blanc que les maisons. 12
Le rang des Allemands marchait la tête basse, 12
Un coude contre l’autre, à défaut de cuirasse ; 12
Car ces hardis vainqueurs de Metz et de Sedan 12
20 Ne pénétraient chez nous qu’à leur corps défendant. 12
C’était pour obéir aux volontés d’un maître. 12
Guillaume, sois heureux ! Tu les as fait paraître, 12
Ces comparses schlagués pour ton noble soutien ; 12
Mais Paris les logea dans le quartier prussien. 12
25 On dit que ta musique, en se voyant à l’aise, 12
Voulut se faire entendre : alors la Marseillaise 12
Fit sonner son clairon… Et ses fiers Allemands 12
Se turent à la voix de nos chétifs enfants ! 12
Quelle honte pour toi, Guillaume, et pour ton frère 12
30 Le conseiller Bismark ! notre peuplade entière 12
S’est tenue à l’écart pour mieux te faire affront. 12
Lui, doit avoir la rage, et toi, la mort au front !… 12
Confiner dans un coin les honneurs d’Allemagne ! 12
Ne pas tenir Paris ouvert à Charlemagne ! 12
35 Fermer bals et concerts, supprimer les journaux, 12
Et parquer les Prussiens comme des animaux, 12
C’est pour vous, mes seigneurs, une grande infamie ! 12
Mais, que vois-je ? déjà votre troupe endormie 12
Se couche… Allons ! bonsoir à Guillaume ! à Bismark ! 12
40 La cité veille au camp… Dormez dans votre parc !… 12
Ils ont passé deux jours près de la capitale. 12
Une nuit dans son sein leur eût été fatale ; 12
Ils les avaient !… De loin ils voyaient nos canons ; 12
Ils savaient que Paris disait : « Nous vous tûrons !… » 12
45 Qu’ils signent leur congé… Nous, les propriétaires, 12
N’aimons pas à garder les Prussiens sur nos terres. 12
Nous avons eu l’engrais qu’il fallait à nos champs ; 12
A Berlin retournez comme des chiens couchants !… 12
Partez !… Le sac au dos et la giberne pleine… 12
50 Allumez votre pipe, et marchez vers la plaine. 12
Vous avez des lauriers pour orner vos jambons ; 12
Au revoir ! chers Prussiens !… Plus tard nous nous verrons ! 12
Ils sont partis, ces cannibales 8
Issus du peuple des Germains ! 8
55 Ils sont partis, craignent nos balles ; 8
Car ils avaient du sang au mains ! 8
Aux Champs-Élysées, où trente mille ennemis ont été parqués.
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