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Évariste de PARNY
Œuvres complètes
tome I
1775-1806
LES DÉGUISEMENS DE VÉNUS
TABLEAU XIX
L'amour ne connaît point la crainte. 8
Du bois Myrtis franchit l'enceinte ; 8
Il s'y cache, et voit s'approcher 8
Celle qu'il ose ainsi chercher. 8
5 Ses traits sont purs ; la violette 8
S'entrelace à la bandelette 8
Qui couronne son front serein. 8
Sur sa longue robe de lin 8
Descend une courte tunique ; 8
10 Son regard est doux et pudique ». 8
Myrtis paraît, elle rougit ; 8
Il prévient sa fuite, et lui dit : 8
« De Minerve jeune prêtresse, 8
Mes yeux te suivaient à l'autel. 8
15 J'ai vu tes mains à la Déesse 8
Offrir un encens solennel. 8
— Fuis.— Ne sois pas inexorable. 8
— Fuis donc ! — Avec toi je fuirai. 8
— Des fers attendsattendent le coupable 8
20 Qui profane ce bois sacré. 8
— Ta bouche menace et soupire. 8
— Imprudent ! je plains ton délire : 8
Crains le trépas, retire-toi. 8
— Non. — Minerve, protége-moi. » 8
25 Mot fatal ! son âme alarmée 8
Le rétracte, mais vainement ; 8
Entre les bras de son amant 8
Elle est en myrte transformée. 8
Il recule, saisi d'horreur ; 8
30 Il doute encor de son malheur ; 8
D'une voie éteinte il appelle 8
La jeune vierge ; avec frayeur 8
Il touche l'écorce nouvelle ; 8
Ses pleurs coulent, et sa douleur 8
35 Maudit la Déesse inflexible. 8
Dans le bois il entend du bruit ; 8
Il embrasse l'arbre insensible, 8
S'éloigne, revient et s'enfuit. 8
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