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Évariste de PARNY
Œuvres complètes
tome I
1775-1806
LES DÉGUISEMENS DE VÉNUS
TABLEAU VIII
« Berger, j'appartiens à Diane : 8
Pourquoi toujours suis-tu mes pas ? 8
Je hais Vénus : fuis donc profane ; 8
Crains cette flèche et le trépas. » 8
5 Elle dit, et sa main cruelle, 8
Sur l'arc pose le trait léger ; 8
Mais Myrtis, qui la voit si belle, 8
Sourit, et brave le danger. 8
Un fossé profond les sépare ; 8
10 Avec audace il est franchi. 8
Imprudent d'un regret suivi, 8
Le trait vole, siffle et s'égare. 8
La nymphe de nouveau s'enfuit. 8
Le berger toujours la poursuit. 8
15 Dans une grotte solitaire, 8
De Diane asile ordinaire, 8
Elle entre ; et sa main aussitôt 8
Saisit et lève un javelot. 8
Sa fierté, sa grâce pudique, 8
20 Irritent le désir naissant ; 8
D'un côté sa blanche tunique 8
Tombe et sur le genoux descend ; 8
De l'autre une agathe polie 8
La relève, livrant aux yeux 8
25 Les lis d'une cuisse arrondie, 8
Et des contours plus précieux. 8
De son sein, qui s'enfle et palpite, 8
Et dont ce combat précipite 8
Le voluptueux mouvement, 8
30 Un globe est nu : le jeune amant 8
S'arrête, et des yeux il dévore, 8
Malgré le javelot fatal, 8
L'albâtre pur et virginal 8
Qu'au sommet la rose colore. 8
35 Il saisit la Nymphe, et sa voix 8
Pour l'implorer devient plus tendre. 8
Des cris alors se font entendre 8
Le cor résonne dans les bois. 8
« Malheureux ! laisse-moi, dit-elle, 8
40 Diane est jalouse et cruelle : 8
Si je l'invoque, tu péris. » 8
Malgré sa nouvelle menace, 8
Le berger fortement l'embrasse : 8
Des baisers préviennent ses cris. 8
45 Diane approche, arrive, passe, 8
Au loin elle conduit la chasse, 8
Et laisse la nymphe à Myrtis. 8
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