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Évariste de PARNY
Œuvres complètes
tome I
1775-1806
POÉSIES ÉROTIQUES
LIVRE QUATRIÈME
ÉLÉGIE XIV
Cesse de m'affliger, importune Amitié. 12
C'est en vain que tu me rappelles 8
Dans ce monde frivole où je suis oublié : 12
Ma raison se refuse à des erreurs nouvelles. 12
5 Oses-tu me parler d'amour et de plaisirs ? 12
Ai-je encor des projets, ai-je encor des désirs ? 12
Ne me console point : ma tristesse m'est chère ; 12
Laisse gémir en paix ma douleur solitaire. 12
Hélas ! cette injuste douleur 8
10 De tes soins en secret murmure ; 8
Elle aigrit même la douceur 8
De ce baume consolateur 8
Que tu verses sur ma blessure. 8
Du tronc qui nourrit sa vigueur 8
15 La branche une fois détachée 8
Ne reprend jamais sa fraîcheur ; 8
Et l'on arrose en vain la fleur, 8
Quand la racine est desséchée. 8
De mes jours le fil est usé ; 8
20 Le chagrin dévorant a flétri ma jeunesse ; 12
Je suis mort au plaisir, et mort à la tendresse. 12
Hélas ! j'ai trop aimé ; dans mon cœur épuisé 12
Le sentiment ne peut renaître. 8
Non, non ; vous avez fui, pour ne plus reparaître, 12
25 Première illusion de mes premiers beaux jours, 12
Céleste enchantement des premières amours ! 12
O fraîcheur du plaisir ! ô volupté suprême ! 12
Je vous connus jadis, et dans ma douce erreur, 12
J'osai croire que le bonheur 8
30 Durait autant que l'amour même. 8
Mais le bonheur fut court, et l'amour me trompait. 12
L'amour n'est plus, l'amour est éteint pour la vie ; 12
Il laisse un vide affreux dans mon âme affaiblie ; 12
Et la place qu'il occupait 8
35 Ne peut être jamais remplie. 8
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