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Évariste de PARNY
Œuvres complètes
tome I
1775-1806
LES DÉGUISEMENS DE VÉNUS
TABLEAU XXIX
« Arrêtez, charmante Déesse ! 8
Votre main au banquet des cieux, 8
Verse le nectar et des Dieux 8
Vous éternisez la jeunesse. — 8
5 Il est vrai : dans ma coupe d'or 8
Tes lèvres trouveront encor 8
De ce breuvage quelque reste : 8
Bois donc. — J'ai bu. Quelle chaleur 8
Pénètre mes sens et mon cœur ! 8
10 Restez, ô déesse ! — Je reste. » 8
Il est heureux, et ses désirs 8
Demandent de nouveaux plaisirs. 8
En riant, la jeune immortelle 8
S'échappe, fuit et disparaît, 8
15 Le berger en vain la rappelle. 8
Seul il marche, de la forêt 8
Il suit les routes ténébreuses ; 8
Et là dans ses bras tour à tour 8
Tombent les maîtresses nombreuses 8
20 Qu'un moment lui donna l'amour. 8
Un moment, bergères, princesses', 8
Nymphes, bacchantes et déesses, 8
Reçoivent ses baisers nouveaux, 8
Puis s'échappent : point de repos ; 8
25 Du nectar la douce puissance 8
Soutient sa rapide inconstance. 8
Ses vœux n'appelaient point Vesta, 8
Et dans son temple elle resta. 8
Las enfin, sous le frais ombrage 8
30 Il s'assied, et sa faible voix 8
Implore une seconde fois 8
L'échansonne au divin breuvage. 8
Elle vient ; à Myrtis encor 8
Sa main offre la coupe d'or, 8
35 Et déjà les désirs renaissent. 8
De son bienfait Hébé jouit ; 8
Sous ses attraits les fleurs s'affaissent ; 8
Plus belle ensuite elle s'enfuit, 8
Le berger, dont la douce plainte 8
40 La poursuit jusque, dans les cieux, 8
Sur le gazon voluptueux 8
De ses charmes baise l'empreinte, 8
Et le Sommeil ferme ses yeux. 8
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