Métrique en Ligne
NOU_2/NOU87
Germain NOUVEAU
Valentines
et Autres Vers
1922
LA POUDRE
Et vos cheveux, alors, de sombres 8
Deviennent gris, et de gris, blancs, 8
Comme un peuple aux ailes sans nombres 8
De colombes aux vols tremblants. 8
5 Suis-je sur terre ou bien rêvè-je ? 8
Quoi, c’est vous, c’est toi que je vois 8
Sous ta chevelure de neige, 8
Jeune de visage et de voix ; 8
Le corps svelte et libre d’allure, 8
10 Sans rien de fané ni de las, 8
Et cependant ta chevelure 8
Est plus blanche que les lilas. 8
Pour qu’il meure et pour qu’il renaisse, 8
Viens-tu verser à mon désir, 8
15 Avec le vin de la jeunesse 8
L’expérience du plaisir ? 8
Avec ta voix pleine de verve 8
Et la pureté de tes mains, 8
Es-tu la déesse Minerve 8
20 Sous l’acier du casque romain ? 8
Viens-tu verser, dans ta largesse, 8
Au cœur qui ne peut s’apaiser, 8
Avec le vin de la sagesse, 8
L’expérience du baiser ? 8
25 Jeune Femme aux cheveux de Sage, 8
Tels qu’un vol de blancs papillons, 8
C’est la gloire de ton visage 8
Qui l’entoure de ses rayons ; 8
Si ce n’est l’Amour, c’est l’image 8
30 De l’Amour, qu’en vous je veux voir, 8
Jeune femme aux cheveux de Mage, 8
Tels que les neiges du savoir ! 8
Sous votre vieillesse vermeille 8
La caresse se cache et rit, 8
35 Comme une chatte qui sommeille 8
Sur les griffes de son esprit. 8
Dans ta vieillesse enchanteresse 8
Je veux t’étreindre et m’embraser 8
Dans l’alambic de ta caresse, 8
40 Sous l’élixir de ton baiser. 8
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