Métrique en Ligne
NOU_2/NOU67
Germain NOUVEAU
Valentines
et Autres Vers
1922
SUPÉRIEURE
J’entendais parler tout à l’heure 8
D’une femme supérieure. 8
Ce n’est, ma Mignonne… pas Toi… 8
Car… que sais-tu faire en ce monde, 8
5 Petite reine toute ronde 8
Faite au tour pour le bal du roi ? 8
Oui, raconte-nous tes affaires ; 8
Ah ! voilà longtemps que les verres 8
De ta quenouille sont cassés ! 8
10 Tu ne sais faire, ni couture… 8
Les pommes au lard, par nature ! 8
Soit ! mais, franchement, est-ce assez ? 8
Tu ne sais rien faire que lire ; 8
Cependant, Tu pourrais écrire, 8
15 Sculpter, peindre… l’homme et les cieux ; 8
Mais on voit ta crainte profonde 8
De n’arriver que la seconde 8
Et surtout derrière un monsieur. 8
Si Tu cultivais la Musique, 8
20 Ah !… quel enchantement physique ! 8
Quels chefs-d’œuvre de Passion ! 8
Mais Tu passes ton temps à lire 8
Tout, de l’excellent jusqu’au pire, 8
« À titre d’information ». 8
25 Tu ne sais rien faire qu’entendre, 8
Discerner, saisir, et comprendre 8
Que tout est clair comme le jour. 8
Car la femme supérieure, 8
Tu vois bien que c’est la meilleure, 8
30 Celle qui fait le mieux l’amour. 8
Celle qui garde sous ses tresses 8
Le plus grand trésor de caresses ; 8
Les baisers les plus triomphants, 8
Qui cherche à dépasser sa mère 8
35 Et fait tous ses efforts pour faire, 8
Pour faire les plus beaux enfants. 8
Car la femme qui peint les anges, 8
Qui signe des romans étranges, 8
Qui fait des vers, bien mieux que moi, 8
40 De la musique, et la meilleure, 8
Peut bien être supérieure 8
Aux autres femmes — pas à Toi. 8
Car la femme qui fait la femme 8
Avec son Corps où brûle une âme, 8
45 Dans un lit, troublant, pour le roi, 8
Qui de baisers dévore l’heure, 8
Peut bien être supérieure 8
À tous les hommes — pas à Toi. 8
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