Métrique en Ligne
NOU_2/NOU52
Germain NOUVEAU
Valentines
et Autres Vers
1922
AVANT-PROPOS
Vous savez comme moi, Madame, 8
Que Platon fout hors des cités 8
Le Poëtastre qui déclame 8
Des blagues trop fortes pour l’âme 8
5 Amoureuse de vérités ; 8
Oui, Tu le sais, oui, ma Mignonne. 8
Platon eût bien transbahuté 8
Le Pédantisme qui se donne 8
Pour plus beau, l’Amour s’en étonne, 8
10 Que la pure simplicité ; 8
Tu sais le grec… si… comme un ange, 8
Et que loin de toute Cité 8
Platon met le rhéteur étrange 8
Que son propre mensonge mange 8
15 Jusqu’à… la préciosité. 8
Hé, bien ! je poursuis la chimère 8
De vous chanter en bon français, 8
Qui ne dis pas : j’aime ma mère ! 8
Tout en respectant la grammaire, 8
20 Si je veux avoir du succès ; 8
Vais-je, avec l’œuvre que je crée, 8
Passer pour un menteur aussi ? 8
Ah ! mon âme en serait navrée ! 8
Non pour moi, ma Femme Adorée ! 8
25 Pour moi, je n’en ai point souci. 8
C’est pour Vous, dont je chante l’Âme, 8
L’Esprit, même un peu le Baiser, 8
Le Cœur tel qu’un Soleil enflamme ! 8
Ce serait dommage, Madame, 8
30 Que le monde allât supposer… 8
Platon verra, lui, si j’invente, 8
Si je dis rien d’exagéré… 8
Ma poésie est ta servante ; 8
Oui, ma Mignonne si savante, 8
35 Près de Toi, je suis inspiré ! 8
Pour perpétuer la mémoire 8
De votre suprême Beauté, 8
Que n’ai-je une lyre en ivoire 8
Le plus éclatant sur la noire 8
40 Et toujours jeune Antiquité ! 8
Oui, pour bien célébrer la fête, 8
Finissant… au bout de tes doigts, 8
De ton corps de Femme parfaite, 8
Et la noblesse de ta tête 8
45 Et la puissance de ta voix ; 8
Que n’ai-je la lyre d’un Homme 8
Connu de tout votre salon, 8
Qu’avant même d’avoir vu Rome, 8
Le premier prix des Beaux-Arts nomme 8
50 Phœbus… oui Phœbus-Apollon ! 8
J’en pincerais fort à mon aise, 8
Sans savoir en jouer du tout… 8
Et ça ferait mieux qu’une chaise 8
Dans la République Française 8
55 Où, ce me semble, on dort debout. 8
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