Métrique en Ligne
NOU_1/NOU11
Germain NOUVEAU
Poésies d'Humilis
et Vers Inédits
1872-1881
POÉSIES D'HUMILIS
Les Musées
Entrez dans les palais grands ouverts à la foule ; 12
Un jour limpide y luit, l'heure paisible y coule, 12
Le pied rit au miroir des parquets précieux, 12
Et loin, dans le plafonds aussi hauts que les cieux, 12
5 Bleu séjour de la muse et du Dieu sous les voiles, 12
L'œil voit trembler des chars, des luths et des étoiles. 12
Sous la voûte, sur les paliers, 8
Par les rampes en fleurs et les grands escaliers, 12
Un courant d'air vaste circule, 8
10 Et douce est la fraîcheur où vous marchez, 10
Parmi le peuple blanc des marbres recherchés : 12
Saluez, c'est Vénus ; admirez, c'est Hercule ! 12
Comme vous reposez les yeux, 8
O blancheur sombre des musées ! 8
15 La fièvre de nos sens expire dans ces lieux, 12
Et nos âmes y sont largement amusées. 12
O génie, ô lent créateur, 8
Comme Dieu fait courir la sève dans les arbres, 12
Tu fais courir la vie aux lignes des beaux marbres ; 12
20 Et sur la pierre, à la hauteur 8
Des bras de la statue ou du col de l'amphore, 12
L'œil croit voir voltiger encore 8
Les mains illustres du sculpteur. 8
Alors notre cœur se rappelle 8
25 Le temps d'Auguste, l'âge où florissait Apelle ! 12
Tout ceux dont un laurier pressait le front puissant, 12
Le pnyx sonore où rit la troupe des esclaves, 12
Les toges du forum, les plis des laticlaves, 12
César spirituel ! Sophocle éblouissant ! 12
30 Rome, Athène ! O palais que la colline élève ! 12
Vous, Romains, vous sculptez à la pointe du glaive ; 12
Et vous qui soupez chez les dieux, 8
Vous possédez la grâce et vous la versez toute, 12
Athéniens, et c'est chez vous que l'âme écoute 12
35 Le grand hymne muet qui chante pour les yeux, 12
Le long des lignes, sous la voûte 8
De vos temples mélodieux. 8
Des anciens, endormis au bruit frais des fontaines, 12
Les âmes en rêvait se promènent ici, 12
40 Caressant tous les fronts d'un regret adouci, 12
Et font, sur les lèvres hautaines 8
Des Romains et des Grecs et de Tibère aussi, 12
Chuchoter un long flot de paroles lointaines. 12
O belle antiquité, toute nouvelle encor ! 12
45 Berce-nous de tes bons murmures, 8
Comme une abeille d'or, 6
Que l'été de Paris prendrait aux roses mûres 12
Pour la jeter en Prairial, 8
Grisée 2
50 Et bourdonnante, autour de la salle apaisée, 12
Où, visiteur royal, 6
Par la vitre embrasée au feu de ses prouesses, 12
Le baiser du soleil vient dorer les déesses. 12
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