Bobigny. novembre 1870.
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Oh ! que c’est triste et froid les grand’gardes, la nuit ! |
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Que le temps semble long, quand on est seul, sans bruit, |
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Dans un champ, au milieu de l’immensité sombre ! |
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Et les réveils soudains, les alertes sans nombre ! |
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« Aux armes ! aux créneaux ! » On écoute, on attend, |
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Et puis rien. — Fatigué, de nouveau l’on s’étend, |
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La tête sur le sac et maudissant la guerre. |
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S’endort-on : Aussitôt une main peu légère |
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Vous pousse, vous secoue ; aussitôt une voix |
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Vous dit : « C’est votre tour ; allons, numéro trois » |
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Le pauvre numéro bâille, ouvre la mâchoire, |
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Se lève en murmurant : « Dieu, que c’est beau, la gloire ! » |
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Mais quand le ciel pâlit, quand sur les prés déserts |
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Le brouillard du matin glisse, et que dans les airs |
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Scintillent les rayons de l’aurore orangée, |
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Adieu fatigue, ennui : de l’âme soulagée |
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Le découragement s’envole sans retour, |
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Comme la nuit s’envole aux premiers feux du jour. |
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