Métrique en Ligne
NOA_2/NOA278
Anna de NOAILLES
Poèmes de l'Amour
1924
CL
Il y a quelque nonchalance, 8
Peut-être quelque pauvreté 8
Dans ton amour plein de silence ; 8
Je le sens cette nuit d’été. 8
5 L’espace étoilé qui nous lie 8
Par ses zéphyrs et son odeur 8
Ressemble plus à ma folie 8
Qu’à ta noble et simple pudeur. 8
Tu penses à toi en vivant, 8
10 Tout ton être en toi persévère ; 8
Moi par l’arome et par le vent 8
Je rejoins les sublimes sphères. 8
L’infini qui respire et luit 8
S’accorderait avec mon être 8
15 Si le ciel pouvait me connaître 8
Et si j’appartenais à lui ! 8
Mais toi, sans même que tu saches 8
D’où me vient ma triste fureur, 8
D’où vient que mon désir s’attache 8
20 À ta vive et sourde pâleur, 8
Tu vis tranquillement, content 8
De sentir ton esprit à l’aise 8
Parmi tous mes soins, et pourtant 8
Je ...men'aime pas que tu me plaises ! 8
25 Je n’aime pas ce dévouement 8
Que suscite en moi quelque charme 8
De ta voix, de tes mouvements, 8
Toutes tes innocentes armes ! 8
Depuis le jour où je t’aimai 8
30 Ma fierté s’irrite et réclame, 8
Je ne me pardonne jamais 8
Cette reddition de l’âme ! 8
Ah ! laisse-moi te fuir, afin 8
De te retrouver en moi-même, 8
35 Selon ma soif, selon ma faim, 8
Et suffisant pour que je t’aime ! 8
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