Métrique en Ligne
NOA_2/NOA248
Anna de NOAILLES
Poèmes de l'Amour
1924
CXX
L’orgueil est l’ennemi constant 8
De l’amour et de ses largesses ; 8
Fort comme la vie, il attend 8
Que l’on retourne à sa noblesse. 8
5 Il veille sur tout l’abandon, 8
Sur tout le divin esclavage ; 8
Il n’accorde pas son pardon 8
Au clair flamboiement des visages, 8
— Aux visages lavés de pleurs, 8
10 À ces larmes froides et rondes 8
Qui ne sont pas de la douleur, 8
Mais l’éblouissement du monde ! 8
— Certes, il est dur de quitter 8
Cet orgueil prudent, fort et triste, 8
15 Qui, repoussant la volupté, 8
Fait croire à l’âme qu’elle existe ; 8
Mais à cause de cet effort 8
Par qui tout l’être se surmonte, 8
Par ce consentement de mort, 8
20 Il est beau d’accepter la honte. 8
— Je voudrais ne plus rien tenir 8
Que de ton affable puissance, 8
Ne respirer, ne me nourrir 8
Qu’au doux gré de ta complaisance. 8
25 Qu’il serait bon, ce dénuement, 8
Au cœur royal que l’on détrône, 8
Et qui vécut trop fièrement ! 8
— Être sans pain, sans vêtement, 8
Et dans un tendre abaissement 8
30 En recevoir de toi l’aumône… 8
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