Métrique en Ligne
NOA_2/NOA244
Anna de NOAILLES
Poèmes de l'Amour
1924
CXVI
Un jour où je ne pus comprendre 8
Ton esprit qui songeait au loin, 8
Je me sentis soudain moins tendre, 8
Et peut-être je t’aimais moins. 8
5 Je te voyais petit, l’espace 8
Me reconquérait peu à peu, 8
Je regardais ces calmes cieux 8
Où jamais rien ne m’embarrasse. 8
Mais alors tu mis sur mon cœur 8
10 Ton beau visage sans réplique, 8
Et je respirai ton odeur 8
Inconsciente et tyrannique ; 8
Sans plus d’alarme et de fierté, 8
J’absorbais avec gravité 8
15 Ton âme innocente et physique, 8
Plus ample pour moi que le ciel ; 8
— Senteur suave, âpre, vermeille, 8
Tiède aveu confidentiel 8
D’un corps qui songe ou qui sommeille, 8
20 C’est toi la grâce nonpareille ! 8
— Ainsi sourd le parfum du miel 8
De l’humble maison des abeilles… 8
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