Métrique en Ligne
NOA_2/NOA198
Anna de NOAILLES
Poèmes de l'Amour
1924
LXX
Pareils à l’Océan qui dans sa force trouble 12
Contient un orage inconnu, 8
Tes yeux de sombre azur sont pleins de lueurs doubles, 12
Jamais ils ne me semblent nus. 8
5 Je ne connais pas bien ces lieux de ma misère 12
Et de ma longue attention ; 8
Ainsi que sur la lande aux chardons aigus, j’erre, 12
Me blessant aux déceptions. 8
— Hélas ! J’étais puissante, attentive, précise, 12
10 Mais où toucher ton cœur amer ? 8
À présent je ressemble à ces femmes assises 12
Guettant les barques sur la mer. 8
J’attends qu’une heure sonne à quelque vague horloge, 12
Que je ne sais où situer ; 8
15 Je souffre dans mon cœur indomptable où se loge 12
L’espoir, que tu ne peux tuer ! 8
— Et pourtant, cher esprit où s’ébattent des ailes, 12
J’aime mieux ne jamais connaître les nouvelles 12
Que renferme ton front têtu, 8
20 J’appréhende le mot par qui le cœur chancelle… 12
Merci de t’être toujours tu ! 8
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