Métrique en Ligne
NOA_2/NOA169
Anna de NOAILLES
Poèmes de l'Amour
1924
XLI
Je bénis le sommeil, lui seul peut déformer 12
Par sa ténèbre étroite, habile et travailleuse, 12
Les traits de ton image où mon âme amoureuse, 12
Sachant tous tes défauts, ne voit rien à blâmer ! 12
5 Je m’endors agitée, et, pareille aux voyages, 12
Débordante d’espoirs, d’attente, de projets ; 12
Et puis, à mon réveil, engourdie encor, j’ai 12
La douceur de trouver ma raison lasse et sage. 12
Je ne souhaite rien ; fidèle à mes soucis 12
10 Je songe tendrement à la tombe loyale 12
Où, descendue enfin dans la paix sans rivale, 12
J’oublierai les désirs dont j’ai souffert ici ; 12
Et je ne cherche pas à me tromper moi-même 12
Sur le dur sentiment que tu m’as inspiré ; 12
15 Non, je ne t’aime pas avec l’honneur sacré, 12
Avec l’esprit ravi ! Non, pauvre homme, je t’aime… 12
Et si ton hésitant, faible et modique orgueil 12
Ne peut s’accommoder de l’animale flamme, 12
Moi, du moins, j’eus le droit de voir périr des âmes 12
20 Pour les lèvres, les bras, les noirs cheveux et l’œil ! 12
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