Métrique en Ligne
NOA_2/NOA167
Anna de NOAILLES
Poèmes de l'Amour
1924
XXXIX
Si je n’aimais que toi en toi 8
Je guérirais de ton visage, 8
Je guérirais bien de ta voix 8
Qui m’émeut comme lorsqu’on voit, 8
5 Dans le nocturne paysage, 8
La lune énigmatique et sage, 8
Qui nous étonne chaque fois. 8
— Si c’était toi par qui je rêve, 8
Toi vraiment seul, toi seulement, 8
10 J’observerais tranquillement 8
Ce clair contour, cette âme brève 8
Qui te commence et qui t’achève. 8
Mais à cause de nos regards, 8
À cause de l’insaisissable, 8
15 À cause de tous les hasards, 8
Je suis parmi toi haute et stable 8
Comme le palmier dans les sables ; 8
Nous sommes désormais égaux, 8
Tout nous joint, rien ne nous sépare, 8
20 Je te choisis si je compare ; 8
— C’est toi le riche et moi l’avare, 8
C’est toi le chant et moi l’écho, 8
Et t’ayant comblé de moi-même, 8
Ô visage par qui je meurs, 8
25 Rêves, désirs, parfums, rumeurs, 8
Est-ce toi ou bien moi que j’aime ? 8
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