Métrique en Ligne
NOA_2/NOA132
Anna de NOAILLES
Poèmes de l'Amour
1924
IV
Quand mon esprit fringant, et pourtant aux abois, 12
A tout le jour souffert de sa force prodigue, 12
L’heure lasse du soir vient m’imposer son poids ; 12
Merci pour la fatigue ! 6
5 Peut-être que la peur, l’orgueil, l’ambition 12
Peuvent, par leur angoisse aride et hors d’haleine, 12
Recouvrir un instant ma triste passion ; 12
Merci pour l’autre peine ! 6
Rétrécissant sur toi le confus infini, 12
10 Je ne situais plus que ton cœur dans l’espace ; 12
Le sombre oubli des nuits te rend ta juste place ; 12
Le sommeil soit béni ! 6
Parfois, abandonnée à ma hantise unique, 12
J’ignore que le corps a ses humbles malheurs, 12
15 Mais la souffrance alors m’aborde, ample et tragique ; 12
Merci pour la douleur ! 6
N’octroyant plus au temps ses bornes reposantes, 12
Tant le désir rêveur m’offre ses océans, 12
Tu me désapprenais la mort ; elle est présente ; 12
20 Merci pour le néant… 6
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