I |
LES PASSIONS |
JE DORMAIS, JE M'ÉVEILLE… |
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Je dormais, je m'éveille, et je sens mon malheur. |
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— Comme un coup de canon qu'on tire dans le cœur, |
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Vous éclatez en moi, douleur retentissante ! |
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Un instant de sommeil est un faible rempart |
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Contre la Destinée, assurée et puissante. |
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Ne verrai-je jamais vos fraternels regards, |
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N'entendrai-je jamais votre voix rassurante ? |
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Quoi ! Même avant la mort, il est de tels départs ? |
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Qui parle en moi ? Mon corps, mes pensers sont épars. |
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Je ne distingue plus ma chambre familière ; |
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Peut-être ma raison a perdu sa lumière ? |
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Un aussi grand chagrin n'est pas net aussitôt ; |
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J'essaierai, mais pourrai-je accepter ce fardeau ? |
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Que seront mes repos, que seront mes voyages |
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Si je ne vois jamais l'air de votre visage ? |
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Mon esprit, comme une âpre et morne éternité, |
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Embrasse un monde mort, des astres dévastés. |
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Je ne peux plus savoir, tant ma vie est exsangue, |
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Si c'est vous, ou si c'est l'univers qui me manque. |
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Et même en songe, dans la pensive clarté, |
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Je me débats encor pour ne pas vous quitter… |
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