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Je t'aime, et cependant, jamais tes ennemis |
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Contre ton doux esprit ne se seraient permis |
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La lucide, subtile et lâche violence |
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Que mon amour pour toi exerçait en silence. |
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Je t'aime et, dans mon cœur, je t'ai fait tant de tort |
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Que tu fus un instant devant moi comme un mort, |
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Comme un supplicié que la foule abandonne, |
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A qui sa mère, enfin, ne veut pas qu'on pardonne… |
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J'ai méprisé ta joie, ta peine, ton labeur, |
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Ta tristesse, ta paix, ton courage et ta peur, |
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Et jusqu'au sang charmant dont je vis par tes veines. |
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Mes yeux ne voyaient pas où finirait ma haine ; |
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Mais j'ai fait tout ce mal pour ne pas défaillir |
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Du seul enchantement de ton clair souvenir ; |
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Pour pouvoir vivre encor, sans gémir dans l'extase |
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Que tu sois ce parfum et que tu sois ce vase ; |
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Pour respirer un peu, sans que le jour et l'air |
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M'assaillent de tes yeux plus brisants que la mer ; |
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J'ai fait ce mal pour mieux pouvoir, dans mon refuge, |
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Scruter le fond soumis de mon cœur qui te juge, |
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Car moi qui te voulais enchaîné dans les rangs, |
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Courbé comme un captif sous les yeux du tyran, |
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Je presse dans mes mains, si hautaines, si graves, |
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Tes pieds humbles et doux qui sont tes deux esclaves… |
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