IV |
LES TOMBEAUX |
LES VIVANTS SE SONT TUS… |
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Les vivants se sont tus, mais les morts m'ont parlé, |
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Leur silence infini m'enseigne le durable. |
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Loin du cœur des humains, vaniteux et troublé, |
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J'ai bâti ma maison pensive sur leur sable. |
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— Votre sommeil, ô morts déçus et sérieux, |
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Me jette, les yeux clos, un long regard farouche ; |
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Le vent de la parole emplit encor ma bouche, |
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L'univers fugitif s'insère dans mes yeux. |
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Morts austères, légers, vous ne sauriez prétendre |
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A toujours occuper, par vos muets soupirs, |
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La race des vivants, qui cherche à se défendre |
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Contre le temps, qu'on voit déjà se rétrécir ; |
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Mais mon cœur, chaque soir, vient contempler vos cendres. |
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Je ressemble au passé et vous à l'avenir. |
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On ne possède bien que ce qu'on peut attendre : |
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Je suis morte déjà, puisque je dois mourir… |
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