Métrique en Ligne
MUS_4/MUS194
Alfred de MUSSET
POÉSIES POSTHUMES
1824-1857
Fragments
V
Que ce jour soit nommé le jour de ma naissance ! 12
J'ai poursuivi longtemps une aride science… 12
J'ai tenté vainement d'en atteindre les fruits, 12
Triste, inutile à tous, et d'une main qui tremble 12
5 Frappant mon pâle front dans le calme des nuits. 12
Mais je la foule aux pieds. Maintenant, il me semble 12
Que le fleuve engourdi par le froid des hivers, 12
Où seul je naviguais sous un ciel sans étoiles 12
Au pur souffle des vents qui font enfler mes voiles, 12
10 S'élargit et me lance au sein mouvant des mers ! 12
Salut, rocs du Weiland ! Bois profond, où l'aurore 12
Comme la veille au soir me retrouvait encore 12
Sous l'arbre aux verts rameaux où seul je méditais ! 12
Je ne viens plus gémir à l'ombre des forêts. 12
15 Adieu, les vains regrets d'un enfant sans courage ! 12
Agite autour de moi ton éternel feuillage ! 12
Qu'aux rayons du soleil soit réchauffé mon front 12
Baigné de ta rosée !… Et ceux qui me verront 12
Ainsi, foulant aux pieds ma jeunesse endormie, 12
20 Renaître et replonger aux sources de la vie, 12
Rocs déserts du Weiland, sauront que c'est l'amour 12
Qui, me frappant au cœur, a tout fait en un jour ! 12
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