Fragments |
IV |
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M'aime-t-elle ? Voilà la pensée où je vis ! |
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Partout et constamment j'en ai l'âme obsédée ; |
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Quand je marche rêvant, cette invincible idée |
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Me devance, et, le front incliné, je la suis. |
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La nuit, lorsque tout dort, je cherche, et je repasse |
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Toutes mes actions ; je répète à voix basse |
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Les mots qu'elle m'a dits… Hier, je lui portai |
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Un livre que longtemps elle avait souhaité !… |
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C'est tout : en le prenant : « Et pourquoi, me dit-elle, |
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Cette feuille marquée ? » — Or W[illa] c'était celle |
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Où la vierge reçoit son ami dans ses bras. |
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Je ne répondis rien. « Mais, dit-elle, de grâce |
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Est-ce pour qu'on la lise ou bien pour qu'on la passe ? » |
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Tout en parlant, je vis qu'elle lisait tout bas, |
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Longtemps elle parut (je guettais comme on pense) |
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Poursuivre sa lecture avec indifférence. |
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Tout à coup, je ne sais quelle peur la gagna ; |
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« Oh ! qu'avez-vous ? lui dis-je. » Elle se détourna, |
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La rougeur la couvrait ; elle voulut poursuivre ; |
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Le livre dans ta main tremblait comme ton cœur, |
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Jeune fille ! Ha ! pourquoi, pourquoi comme ce livre |
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Ne puis-je à mon souhait l'ouvrir et le fermer ? |
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Songes-y, c'est mon nom, Willa, que j'y veux lire, |
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Et, si je ne l'y trouve, il faudra bien l'écrire… |
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Va, si tu n'aimes pas, tu n'es pas loin d'aimer ! |
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