Métrique en Ligne
MUS_4/MUS178
Alfred de MUSSET
POÉSIES POSTHUMES
1824-1857
Stances
SUR LE COSTUME POMPADOUR DE MISS SCHEPAERT
AU BAL DES TUILERIES, EN 185.
Voltaire, ombre auguste et suprême, 8
Roi des madrigaux à la crème 8
Des vermillons et des paniers 8
Assis au pied de ta statue, 8
5 Je me disais : « Qu’est devenue 8
Cette perruque à trois lauriers ? 8
O Corisandres ! me disais-je, 8
Mouches que, sur un sein de neige, 8
L’abbé posait du bout du doigt ! 8
10 Bonnes marquises, nos aïeules, 8
Qui, sans être par trop bégueules, 8
Rendiez à Dieu ce qu’on lui doit !! 8
Et vous, héros frappés du foudre, 8
Hélas ! — Et deux règnes de poudre, 8
15 En un demi-siècle effacés ! — » 8
Quand, l’autre soir, dans une fête, 8
Mon regard tout à coup s’arrête 8
Sur un minois des temps passés !! 8
Mais ce n’était point, ô Voltaire ! 8
20 Une mouche de douairière 8
Qui ravive un œil défaillant ; 8
C’était la plus discrète mouche 8
Que puisse effleurer une bouche 8
Plus rose que le lys n’est blanc ! 8
25 Fine mouche, comme on peut croire, 8
Qui, pour poser son aile noire, 8
Entre les roses du jardin, 8
Avait choisi, comme l’abeille, 8
La plus fraîche et la plus vermeille 8
30 De toutes celles du matin. 8
Reste donc, mouche bienheureuse. 8
Si cette abeille voyageuse, 8
Qui, volant jadis, nous dit-on, 8
Entre les bosquets de la Grèce, 8
35 Vint chatouiller la lèvre épaisse 8
Du grand philosophe Platon, 8
Eût trouvé, dans l’ombre mi-close, 8
Cette fleur aux feuilles de rose, 8
Qu’eût-elle fait que s’arrêter 8
40 Sur cette perle d’Angleterre, 8
Lèvres que le ciel n’a pu faire 8
Que pour sourire ou pour chanter ? 8
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